Taxe mobile Money : contribution ou frein économique
Plateforme sûre Connexion chiffrée SSL Données protégées
ARC Sénégal
Plateforme sûre Connexion chiffrée SSL Données protégées ARC Sénégal

Taxe Mobile Money au Sénégal : contribution solidaire ou frein au progrès économique ?

septembre 13, 2025 3 min de lecture

Le gouvernement sénégalais prépare une nouvelle taxe sur le Mobile Money, présentée comme un moyen de financer le Plan de Redressement Économique et Social (PRES). Officiellement, il s’agit d’une contribution collective pour relancer l’économie. Mais cette mesure suscite déjà de vives réactions. Entre promesses de redressement et crainte d’asphyxier les plus modestes, quel sera l’impact réel de cette taxe sur les citoyens et sur l’écosystème numérique du pays ?

En quoi consiste la taxe Mobile Money ?

Le projet prévoit :

-0,5 % sur les transferts entre particuliers (hors dépôts et retraits)

-1 à 1,5 % sur les paiements marchands, défalqués aux commerçants

Concrètement, un transfert de 10 000 FCFA coûterait 50 FCFA de taxe, tandis qu’un paiement du même montant chez un commerçant entraînerait 100 à 150 FCFA de prélèvement.

 

Impact sur le pouvoir d’achat des ménages

La mesure risque de frapper en premier lieu les foyers les plus modestes, qui utilisent massivement le Mobile Money pour envoyer de petites sommes au quotidien. Pour une population où une grande partie peine déjà à assurer trois repas par jour, cette taxation supplémentaire pourrait accentuer la précarité.

 

Conséquences pour les commerçants et les fintechs

Les commerçants, déjà soumis à des frais auprès des opérateurs de Mobile Money, verraient leurs marges encore réduites. Les fintechs, qui bâtissent leur croissance sur l’adoption massive des paiements digitaux, risquent également de voir leur progression freinée. Cette taxe apparaît en totale contradiction avec le “New Deal technologique” défendu par le gouvernement.

Risque d’un retour au cash et perte de traçabilité

Si la taxation est jugée trop lourde, de nombreux usagers pourraient abandonner le paiement digital pour revenir aux transactions en espèces. Ce retour au cash aurait deux effets paradoxaux :

-réduire la traçabilité des flux financiers

-diminuer la capacité de l’État à collecter des recettes fiscales

La question du train de vie de l’État

Beaucoup d’observateurs soulignent l’absence de réformes structurelles. Le train de vie de l’État n’a pas véritablement diminué malgré les promesses. Les projets de rationalisation, de baisse des loyers ou de réduction du budget de certaines institutions n’ont pas vu le jour. Dans ce contexte, difficile de convaincre les citoyens que l’effort est équitablement partagé.

Une politique du juste milieu à réinventer

La taxation des services financiers digitaux pourrait s’avérer contre-productive si elle n’est pas accompagnée d’une véritable politique de redistribution et de soutien aux plus vulnérables. Au lieu de multiplier les prélèvements, l’État gagnerait à privilégier des réformes structurelles et une meilleure gestion des ressources publiques.

À lire aussi : Dame Amar : un cas emblématique d’une justice à deux vitesses au Sénégal

Présentée comme une contribution solidaire au redressement économique, la taxe Mobile Money soulève de nombreuses inquiétudes. En pénalisant les ménages modestes, les commerçants et l’écosystème numérique, elle risque de freiner l’innovation et de renforcer la précarité. Plus qu’une nouvelle taxe, le Sénégal a besoin d’une politique économique équilibrée, où l’effort est réellement partagé et où la croissance digitale est encouragée.

Alerte Senegal

Rédacteur sur la plateforme Alerte Sénégal.

Aucun commentaire

Soyez le premier à laisser un commentaire